Lorsque j’entamais mon stage à l’Institut des Hautes Etudes des communications sociales (IHECS) de Bruxelles en février dernier, j’étais loin d’imaginé et peut-être le monde entier avec moi, que la suite de cette belle expérience tant rêvée, attendue et qui venait juste de se débuter, allait se poursuivre en « confinement ». Mais c’était sans compter sur le Covid-19.

Ainsi, alors que je commençais à prendre mes marques et à m’adapter à ma nouvelle vie dans la capitale européenne. Alors que l’hiver avec son froid allait faire place au printemps où tout reprend vie grâce au soleil, la joie a été de courte durée. Encore une fois, à cause du Covid-19. Me voilà donc obligé malgré moi, de rester entre quatre murs pour une durée déjà longue mais qui je l’espère bien, prendra bientôt fin. Cette situation due au coronavirus a bien failli me faire oublier ce que j’ai déjà appris. Mais heureusement, avec le recul, je me rends compte que le verre est déjà à moitié plein et sera totalement plein d’ici-là, quelles que soient la situation et les conditions.

En effet, je me rappelle encore comme si c’était hier, de notre premier week-end à Bruxelles. La découverte de la ville avec Simon en compagnie des autres stagiaires. Les différents sites visités dont le fameux Manneken-pis. Notre première gaufre à 4€. Quel régal ! J’en garde encore le goût. Et que dire de ma première messe en italien à l’Eglise saint-Boniface. Eh oui. Ne voulant surtout pas rater la messe lors de mon premier dimanche à l’étranger, je suis tombé sur une messe en italien qui a fini par me convaincre que j’étais bien loin de mon Burkina natal. Lorsque Simon nous aidait à découvrir la ville, j’étais impatient d’arriver à l’IHECS, cet institut de renommée internationale. Et lorsqu’on est enfin arrivé devant la porte de l’école, j’ai fait mon signe de croix en me rappelant cette célèbre phrase de Jules Caesar : Veni, vidi, vici : « je suis venu, j’ai vu et j’ai vaincu ». En tout cas, même si je n’ai rien vaincu pour le moment, « je suis venu et j’ai vu ». C’est déjà suffisant. Mes cours en présentiel à l’IHECS ont duré juste un mois. Mais déjà suffisant pour mentionner mon tout premier atelier : la vidéo pour le web avec trois autres étudiants du master en Presse et Information. Il faillait faire le tour de la ville ou presque en bus ou en métro à la recherche d’images inédites. C’était impressionnant. On est resté à l’école souvent très tard la nuit et le week-end pour pouvoir rendre l’élément si bien que les autres stagiaires ont commencé à s’inquiéter de mes absences prolongées. Puis vint l’inattendu.

Un stage sous confinement

Comment poursuivre mon stage sous le confinement ? C’est l’équation que je tente de résoudre depuis le 18 mars, jour où toute la Belgique a basculé dans ce nouveau mode de vie. Etant devenu impossible de se retrouver physiquement dans les studios d’écoles et autres amphithéâtres de l’institut, la question d’un retour anticipé au pays a été évoquée à plusieurs reprises. Mais avec la volonté d’aller jusqu’où bout de cette expérience inédite ainsi que le soutien de l’équipe internationale de l’IHECS qui fait tout pour que tout se passe pour le mieux dans cette situation, je suis finalement resté. Et je ne regrette pas. Certes, avec la nouvelle donne, les choses ont bien changé. La vie n’est plus la même et cela pour le monde entier. Mais avec les cours à distance qui ne remplacent certes pas les cours en présidentiel, la casse a été limitée. Le fait de se retrouver avec les autres étudiants et les enseignants sur teams montre que le Covid-19 n’aura jamais le dernier mot. En plus, rester à la maison toute la journée m’amène à mieux m’organiser. J’ai rarement disposé d’autant de temps. Ainsi, entre les cours et les travaux pratiques, j’ai trouvé du temps pour fait du sport, histoire de ne pas trop stresser. Chose que je ne faisais pas avant le confinement. Ainsi, un jour sur deux, je parcours une distance de 10 km en courant. Peut-être que je serai prêt pour les JO de Tokyo qui n’ont pas non survécu au coronavirus!

Un œil sur le Burkina Faso

A mille lieux de là, je m’informe régulièrement sur l’évolution du Covid-19 dans mon pays. Et c’est en ce moment que je me rends vraiment compte du rôle des médias dans une situation de crise. Autant ils me permettent de m’informer, autant on a l’impression qu’ils ne s’intéressent qu’aux informations qui font peur. En plus, la fin du stage est proche. Il faudra regagner le pays alors que les frontières sont fermées. C’est une équation à laquelle je pense tout en restant optimiste quant à une embellie prochaine de la situation. En attendant, chaque soir à 20h, je me mets aussi à ma fenêtre comme d’autres occupants des immeubles et appartements pour applaudir quelques instants. Une façon de montrer aussi qu’on n’est toujours en bonne santé et que la joie de vivre reste toujours présente. Finalement, poursuivre un stage en étant confiné n’est peut-être pas la meilleure expérience à vivre. Toutefois, c’est une expérience qui comptera pour l’avenir.

Jean Pierre SAWADOGO, stagiaire ARES (jan 2020-Juin 2020).